Le Black Bass à grande bouche ( micopterus salmoides - Lacépède 1802)

Depuis quand est-il présent ?

En France, les premiers poissons ont été introduits, si l'on en croit Louis Roule,
dès 1886, soit plus d'un siècle.
C'est dans la Région parisienne que le Bass arrive en premier, de là, il est introduit en Sologne.
C'est à partir des années 50 que de nombreux pisciculteurs l'élevèrent pours associations de pêche qui réalisèrent alors de nombreux déversemnts à l'origine de la rapide extension de cette espèce sur tout le territoire, exceptée la Corse.
En 1925, dans son ouvrage intitulé " Les poissons des eaux douces de la France ", cet auteur décrivait :

" Actuellement on peut le considérer comme répandu dans notre pays, presque entier, où il se reproduit et se maintient de lui-même ".

L'espèce semblait solidement implantée et définitivement implantée dans nos eaux et ce jusque dans les années soixante.
Pour preuve, au début des sixties, à l'occasion d'un recensement piscicole, l'administration des Eaux et Forêts reconnaissait sa présence pérenne dans une quarantaine de départements dont la Seine et la Seine-et-Oise, ancêtres de notre Région Parisienne.
Combien de " vieilles mains " nous ont compté des prises de " perches vertes " prises sur des montages destinés à sire Esox et ce bien avant l'explosion du Sandre.
En raison, du peu d'efforts entrepris pour protéger et maintenir les effectifs à un niveau convenable, le Black Bass a vu ses populations décroîtrent dans le domaine public tandis qu'il prospérait dans de nombreux étangs privés. Il bénéficie, en effet d'une solide réputation d'éradicateur de poissons chats !
C'est à cette époque que dans les lots à la gestion piscicole déplorable vit naître la fable comme quoi, et selon un ichtyologue dont le nom reste inconnu, notre achigan serait incapable de se reproduire au nord de la Loire...
En effet ce poisson sait se contenter d'eaux à la qualité moyenne et supporte allégrement les rigueurs hivernales de l'hiver québécois ou du Minnesota (-40°C) avec des lacs gelés pendant quatre mois.
Ignorance ou mauvaise foi ? La réalité de ces affirmations d'un autre âge basées sur le " on-dit " et nous en savons quelque chose aux étangs de Boulogne où ce poisson se reproduit comme dans bien des endroits de la région.
Et en se promenant d'est en ouest, de la Bretagne aux confins de la Bourgogne, on constate très vite que ces archaïsmes ont fait " long feu ".

Un poisson qui s'adapte

Originaire de l'est des Etats-Unis d'Amérique, en gros du Canada jusqu'au nord du Minnesota pour la souche du nord et la façade Caraîbes jusqu'au Tennessee pour la souche dite de Floride. Dans ce pays, le Black Bass est aujourd'hui partout présent dans ces pays grâce aux nombreux efforts d'implantation entrepris.
En Europe, le Black Bass a trouvé des conditions très propices à son développement en Espagne, au Portugal, en Italie mais aussi en Grande-Bretagne (1878),en Allemagne, Autriche, Pays-Bas (1883) et en Slovénie.
En Afrique, le Maroc et ses multiples lacs de barrages et oueds, aidé par la proximité de l'Europe, est devenu une destination de pêche tant son potentiel est riche.
Mais on entendra parler, à l'instar du lac Ambatundrazaka à Madagasacar dont la densité de lunkers est ahurissante, d'autres régions toutes aussi riches comme le Kenya, le Zimbabwé, l'Afrique du Sud, destinations futures des tours operators spécialisés.
Toute l'Amérique Centrale, du Mexique à la Colombie, en passant par les plus grosses îles des Caraïbes comme Cuba et Sainnt-Domingue recèlent de nombreux spots à gros bass. Fidel Castro, lui-même est allé souvent défier les 15lb up.
Plus au sud c'est le prodigieux Peacock Bass qui prend la relève.
L'Asie n'est pas en reste avec ses " dragons " la Thaïlande, Hong-Kong et Singapour qui recèlent de nombreux spots sans oublier le Japon où ce poisson a trouvé une niche écologique restée inoccupée d'où son abondance.

Comportement alimentaire

Opportuniste dans la recherche de sa nourriture et éclectique dans son régime, le Black Bass engouffre tout ce qui passe à portée de sa large bouche.
Les jeunes commencent par se nourrir d'invertébrés (vers, sangsues, larves d'insectes, etc.) et d'alevins d'autres espèces.
Les adultes sont plus piscivores, mais ne dédaignent pas les insectes, les vers , les batraciens (grenouilles, tritons et salamandres), crustacés (écrevisse), les oiseaux aquatiques (cannetons ou poules d'eau), ni les petits mammifères qui vivent près des étangs comme les petits rats et autres musaraignes d'eau.
Ceci expliquant la multitudes de leurres, de formes qu'ont développés les luremen américains, et ça marche !!!
Plus jeune et en bonne densité on pourra le trouver en banc d'individus du même âge, ensuite en prenant de la bouteille il aura tendance à rechercher la solitude et à marquer plus violemment son territoire.
Comme les autres carnassiers des eaux de plaine, il préfère les eaux calmes ou amorties comme les bras morts, les reculées, les graviaires et autres ballastières communiquant avec les eaux courantes.

Description

Ce qui frappe, pour ceux qui pêchent en mer, en voyant pour la première fois un Black Bass c'est la ressemblance avec le Sea Bass (le bar ou loup de nos côtes) que l'on aurait comprimé donnant ces fameuse " bonbonnes ". Son corps est trapu et la tête épaisse, la grande gueule largement fendue, possède une mâchoire prognathe.
La nageoire dorsale présente deux parties non séparées, la première, peu élevée, est soutenue par dix rayons épineux, tandis que la seconde est plus haute et plus souple.
La nageoire anale comporte également trois rayons épineux. La coloration du dos est gris-vert olive assez foncé, les flancs vert jaunâtre à reflets argentés et parsemés de tâches sombres en bandes longitudinales, le ventre est blanc.
Contrairement à son cousin, le bar, ses ouïes ne sont pas coupantes. La prise en main du poisson se fait en saisissant entre le pouce et l'index la mâchoire inférieure ce qui est le moins traumatisant pour le poisson et le fige le temps d'une photo.
Aux Etats-Unis il atteint 97 cm pour 11,3 kg ,en Afrique australe de beaux sujets de 85 cm pour 20 lb ont été pris, en France la moyenne est entre 30 et 50 cm, toutefois plusieurs poissons aux alentours des 70 cm ont été piqués avoisinant les 5 kg, mais cela reste exceptionnel.

La période de fraye, un moment délicat

Si le Black Bass a eu du mal a substituer dans bien des zones c'est certainement dû à sa vulnérabilité pendant la fraye. Les viandards que l'on voit dès mars et avril sur les frayères de sandres se retrouvent en mai juin pour grappiner sur les nids de l'Achigan.
Riches des enseignements, et conscients des négligences du passé; contre cette plaie, nous plaidons pour une fermeture spécifique du black bass pendant la période des amours.
La fraye se déroule d'avril à juin selon les régions et les conditions climatiques ponctuelles, en eau peu profonde, souvent près du bord, sur fond de sable ou graviers sur lequel le mâle prépare une sorte de nid de la taille d'une assiette.
Dès que la femelle y dépose ses œufs, le mâle les féconde et garde ensuite, seul, le nid contre les prédateurs, faisant preuve alors d'une agressivité qui le rend vulnérable. C'est pourquoi nous devons tout mettre en œuvre pour qu'il puisse passer cette période en toute tranquillité.
Une fois les alevins arrivés à terme, il les guidera vers des lieux plus sûr (herbiers, roseaux ou nénupars) où le cycle de la vie reprendra ses droits.
Pour communiquer sur ses moeurs paticulières et informer pêcheurs et promeneurs, nous avons apposé des affichettes autour de l'étang l'an passé et nous le ferons de nouveau cette année, d'autant qu'une berge doit être mise en réserve pendant un mois.

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